Genèse
Paris, le 3 décembre 2012
A la suite de neuf mois de doutes, de sursauts et de craintes, les jumeaux d’Abel et Victoria Celsina virent le jour un doux mercredi hivernal.
Adam, pour le garçon… souffle Victoria
… et Freya pour la fille, sourit Abel.
Abel et Victoria s’échangent un regard débordant d’amour au terme d’une des tempêtes les plus bouleversantes pour le couple, pourtant si farouchement solide. Unis depuis près de dix ans, les deux époux n’étaient jamais parvenus à procréer par quelque moyen que ce soit. Plus jeunes, ils se voyaient à la tête d’une famille de quatre ou cinq enfants, ce qui aurait engendré une atmosphère plus chaleureuse à leur modeste appartement francilien. La chambre attenante à la suite parentale est restée tristement inhabitée pendant quasiment une décennie. La venue au monde des jumeaux Celsina met un terme au silence assourdissant le foyer, le carillon de la vie ayant commencé à résonner en son sein.
Victoria entre dans sa trente-troisième année lorsqu’elle endosse avec fierté le rôle de mère, elle qui n’a jamais voulu perdre espoir - en dépit des paroles moroses de son époux “l’espoir tue plus qu’il ne fait vivre”, disait-il. En son for intérieur, Victoria savait qu’elle serait un jour amenée à être mère - cela la frappait comme une évidence, ce qui dépassait toute considération scientifique, logique et statistique qu’elle ait pu entendre. Au bout du compte, c’est sa foi qui a primé.